Un clic teinté de curiosité me ramène à la page de cet autre blog!... Comment? Cela fait dix ans!... Dix ans que mes rêves n'auraient pas fait escale? Dix ans de navigation virtuelle, à défaut de me transporter sur les mers et dans tous les ports du globe. Pourtant, j'ai voyagé. Et parfois rêvé de le faire dans certaines contrées, sans finalement atteindre le but ou le quai pour un nouveau départ. Des rêves contrariés ou plutôt mal préparés, parce que la réalité n'est pas forcément celle qu'on croit. On voyage des fois uniquement pour soi et d'autres fois pour d'autres, en chaussant les bottes de sept lieues qui ne sont pas à votre pointure. Alors, il faut chercher les siennes. Une fois qu'elles sont à votre pied, il est tant de partir...
En relisant certains articles millésimés 2008, je constate que certaines trajectoires étaient déjà tracées. Ce bassin méditerranéen et ses îles notamment, qui n'attendent plus que la décision de l'éditeur. Mais surtout, le voeu d'être un habitant de la planète, passeport renouvelé en poche, avec dix ans de plus au compteur, certes, mais une curiosité encore plus grande. La petite ville dans laquelle je vis doit être mon port d'attache et peut-être devenir celle où je passe. Des mûrs aux couleurs standardisées, conformes, beaucoup trop uniformes, porteurs d'ombres et de souvenirs qui s'effacent, sont à mettre en opposition (pacifique!) avec toutes ces façades multicolores, qui agrément les paysages, tant du Nord glacial parfois, que du Sud brûlant. Alors, 2018 comme un nouveau départ?... En route!
Une biographie qui nous transporte aux confins de l'Afrique de l'Est et de l'Océan Indien!... Vous avez rendez-vous avec le célèbre Henry de Monfreid!...
Un charme fou, pour les uns (ou les unes!) sur cette photo en couverture de ce livre de Daniel Grandclément, paru chez Grasset en 1990. Mais, à priori, pas le gendre idéal, sauf à succomber aux sirènes de la Mer Rouge, aux charmes des eaux turquoise ou aux senteurs des multiples épices.
Une fois installés dans notre XXIè siècle, avec sa charge de paranoïa et d'hyper-conformisme, on se demande s'il y a encore une moindre place pour ce genre d'aventurier. On se surprend même, en l'évoquant, à craindre de faire l'apologie d'un homme peu en phase avec notre époque : trafics divers, mépris de l'autorité (le plus souvent), négligence (relative) de la famille...
Mais, au détour d'un chapitre des Secrets de la Mer Rouge, il nous vient comme une envie d'être parmi l'équipage d'un sambouk qui file entre l'Erythrée et le Yemen, avec quelque cargaison mystérieuse, sous un soleil de plomb.
Au centre : photo de Michel Waller, en Mer Rouge en 1960, à bord du MS Tocansa
La première moitié du XXè siècle était certes plus propice à l'éclosion d'un tel personnage. Conflits mondiaux, exploitation des possessions coloniales, développement relatif des moyens de transport, supports de communication naissants... Plus tard, le récit d'une navigation épique fit naître la légende. L'image d'un passager au long cours, observant longuement la mer, appuyé sur le bastingage d'un paquebot immaculé, hanta parfois les lignes maritimes.
Tantôt aventurier, peintre ou écrivain, il fut aussi l'homme de la situation, en tant que spécialiste de la corne de l'Afrique, à la fin des années trente. Mais, s'il le fut vraiment, c'était presque en veillant à ne pas se départir d'une approche quelque peu romantique et romanesque des évènements et des personnages.
Sorte de lien inter-générations, un livre fut publié en 2007. Proposé par le petit-fils du célèbre aventurier, Guillaume de Monfreid, il retrace la vie de son aïeul, en tirant quelques parallèles et en tentant de projeter vers l'avenir les échos d'une vie hors du commun. Pourtant, on devine à la lecture des biographies et autres ouvrages consacrés au personnage, qu'il fut sans doute "un peu trop", pour tous ceux qui l'approchèrent et notamment les membres de sa famille la plus proche. Ce qui n'empêche pas les uns et les autres d'entretenir un lien, un fil d'ariane, au delà du temps et de conserver intact une forme de fascination.
Quelques lignes de ce livre, en guise de conclusion. Un chapitre intitulé : "Les chiens aboient, la caravane passe".
Paradoxalement, on lui reprochait d'avoir été un aventurier trop complet. Mais, c'était oublier que si l'aventure composait l'essence de sa vie, elle n'était pas exclusive! La différence qui le distinguait radicalement d'avec ses collègues aventuriers était de taille : il était tout autant, sinon plus, un artiste au sens large. Henry nous permettait, grâce à son art multiforme, d'entrer par l'intérieur dans un univers criblé de clichés désespérants et propices aux idées toutes faites. Lui le transfigurait complètement par la peinture, l'écriture et la photographie.
Vous êtes sans doute nombreux à avoir découvert ces images récentes :
N'hésitez pas à consulter le site de Ouest-France pour découvrir la suite des aventures de l'Artemis, vraquier néerlandais, qui a raté sa manoeuvre, au moment d'entrer au port!...
Ce n'est pas la première fois qu'une telle mésaventure survient aux Sables d'Olonne, par mauvais temps. Un autre vraquier, chargé de maïs celui-là, s'était échoué sur le plateau des Barges, de l'autre côté de l'entrée du port, voilà quelques années.
Résultat : une épave découpée au chalumeau pendant de longs mois!... Pour celui-ci, il n'y a plus que la marée d'équinoxe qui puisse arranger ça!... A moins que l'Abeille Languedoc soit pleine de ressources!... On y croit!... Il y a ballottage aux Sables!... Ballottage pour le remorquage également!...
Mon enfance parisienne a été bercée par les récits de voyages et d'escales de mes oncles et frère, marins au long cours... Mes années de collège, rythmées par la réception de cartes postales transatlantiques... Cardiff, New York, Turku, Panama, Guayaquil, Le Pirée, Tamatave, Helsinki... Mes vacances bretonnes illustrées par la lecture de la rubrique du quotidien Ouest-France, Où sont nos navires?...
Depuis quelques années, certains voyageurs ont pris le parti de traîner sur les quais des grands ports de commerce de la planète. Une formule cargo-stop!... La réponse optimale au tourisme de masse. Le nomadisme, version iode et embruns!... Adieu veaux, vaches, RTT!...
Hugo Verlomme, l'un des pionniers en la matière, qualifie ces voyageurs de "bourlingueurs du XXIè siècle"!... Je ne sais s'il a, comme moi, des souvenirs de soirées prolongées, à la lueur d'une petite lampe de bureau, par l'écoute de Claude Villers et de son émission de France-Inter, Marche ou rêve... La légende du Titanic... J'aurais peut-être mieux fait de me concentrer sur mes dissertations, plutôt que d'écouter Yes, Genesis ou Pink Floyd, sur un fond de sirène de navire quittant le port!... On est jamais indemne de ses rêveries!...
Plus tard, ce fut Daniel Mermet qui me donna l'envie d'aller voir Là-bas si j'y suis!... Et de tenter de mettre sur pieds ce projet alliant passion pour les vins et la dégustation et voyages. Bientôt, peut-être (si un éditeur-rêveur lit ces quelques lignes!...), La Pipette aux quatre vins deviendra La Pipette au long cours!...
Cherche éditeur-rêveur donc (pour le compte-épargne-temps, tout est OK!), afin de me lancer au rythme des cargos et autres caboteurs côtiers, de Nice à Porquerolles et la Corse, puis cap sur la Catalogne, Majorque, Alicante, la Sardaigne, l'Italie, la Sicile, Pantelleria, puis la Croatie, la Grèce, Santorin, la Crète, Chypre, le Liban, sans oublier Turquie, Israël, Tunisie, Malte, Algérie et Maroc!... It's a long way!...
Qu'il me soit permis d'évoquer ici quelques aventuriers des temps modernes!... Je qualifie ainsi tous ceux qui, à partir des années trente, puis après la Seconde Guerre Mondiale, misèrent sur une activité professionnelle dans des secteurs innovants et non dépourvus de risques.
En premier lieu, on pourrait citer les aviateurs qui participèrent aux aventures de l'Aéropostale, au cours des années trente. Ils seront évoqués par ailleurs, ultérieurement. Mais c'est, en quelque sorte, à leurs héritiers que cet article est consacré. Dès la fin des années 40, au sortir de la guerre, ils furent quelques hommes et femmes à se retrouver aux portes du désert. La mission qu'ils s'étaient donnée était simple : former des équipages, prendre possession de quelques DC3 ou Constellation et donner naissance à l'aviation commerciale moderne. Celle-là même que les plus grands pays se faisaient un devoir de développer, puisqu'elle n'en était qu'aux balbutiements. Y compris en Afrique du Nord!... Embarquement immédiat!...
C'était au temps où on pilotait les avions!... (Ceci dit sans faire injure à ceux qui comptent derrière eux, de nos jours, 500, 600, voire 800 passagers!)
Bien sur, il y avait déjà Air France, créée en 1933, dans le sillage des héros de l'Aéropostale, déjà citée. Mais nombre de ceux qui avaient combattu dans les F.A.F.L. (les Forces Aériennes de la France Libre) avaient des attaches dans cequi était alors des départements français, Algérie, Maroc et Tunisie. Certains étaient en rupture de ban avec les autorités militaires de l'époque. D'autres, hommes d'affaires déjà avisés, tentaient de regrouper de nouvelles équipes de passionnés. Il ne fallait pas manquer d'audace, ni de persuasion, pour convaincre quelques jeunes hommes, au terme de la guerre, de se joindre à cette aventure : fonder une compagnie d'aviation civile!...
Certes, un marché s'élargissait vers le sud : le pétrole saharien ne fut pas la moindre des motivations, au cours de ces années. Mais, une présence et une représentation de la France, dans tout ce qui était ses territoires à l'époque, allait de pair. De plus, quelques esprits indépendants ne pouvaient négliger le fait de mener, au mieux, leurs propres affaires un rien exotiques, en se tenant quelque peu éloignés du microcosme politique parisien de l'époque. Même si l'histoire allait vite les rattraper!...
La compagnie assura tout d'abord, entre 1947 et 1950, le transport de fret, divers et varié, dans les deux sens. Ainsi, elle passa un contrat pour approvisionner en camemberts toute l'Afrique du Nord!... Vers la Métropole, il s'agissait surtout de primeurs. Même si les Pouvoirs Publics de l'époque privilégient le monopole, Air Algérie obtient rapidement la possibilité de transporter des passagers.
Le parc d'avions augmente et se diversifie. Il faut recruter des pilotes, des hôtesses, des mécaniciens, des agents commerciaux... Les destinations deviennent plus nombreuses. Toute une communauté se forme. Passion et solidarité en sont presque les maîtres-mots, comme une sorte de devise.
Une jeunesse passionnée bien sûr, à la mode algéroise, au moment même où les "évènements" font craindre le pire. Quinze années hors de commun pour nombre d'entre eux. A peine quelques jours, quelques semaines, pour celles qui ne tardèrent pas à rencontrer l'homme de leur vie!... Au rythme du twist et de la chaleur des nuits d'Alger la Blanche!...
La même jeunesse qui s'extasie lors de l'apparition, en octobre 1955, au Salon de l'Auto, à Paris, de la nouvelle Citroën DS, aux formes absolument... aérodynamiques!... Bien sûr, les épreuves surgissent parfois. Plus tard, bien plus tard, on se raconte ces journées mémorables, qui auraient pu vous coûter la vie, si la providence n'avait veiller sur ces aviateurs.
Ainsi, ce DC 3 qui heurta, le jour des Rois, le 6 janvier 1948, une ligne à haute tension de 220 000 volts, dans son approche des pistes d'Orly!... Et qui finit par se poser quelques minutes plus tard au Bourget, presque sans encombreset l'équipage sauf.
Et que dire de l'incroyable mésaventure, qui aurait dû être fatale à tous les passagers de l'avion, en ce 19 mai 1960?... Un petit avion de tourisme, sorti de nulle part, vint heurter une Caravelle d'Air Algérie, en approche d'Orly là encore, alors qu'elle se trouvait à 700 m d'altitude!... Un seul passager en fut victime, quelques autres blessés... Le mécanicien hurla : "Bon Dieu! on vole en décapotable!..."
C'est toute la maîtrise de l'équipage et le sang froid des hôtesses qui évita une catastrophe presque innévitable. On dit même que (mais, est-ce peut-être la légende?...) ces dernières continuaient à servir le café entre le moment de l'impact et l'atterrissage!...
Ces aventures hors du commun, j'en ai souvent entendu le récit, ou le rappel certains jours, lorsqu'enfant, je ne quittais pas des yeux "mes héros", quelques-uns de ces anciens d'Air Algérie, venus renforcer l'effectif d'AirInter dès le milieu des années soixante. Éclats de voix et de rires, pour commémorer une amitié indéfectible. Et se souvenir de ces années brûlantes, qui allègent le poids des ans et des changements de caps imposés par les évènements. L'aventure moderne, mais avec une dimension humaine hors du commun.
Toutes les illustrations de cet article sont extraites du n°146 de la revue Icare, parue en 1993 et toute entière consacrée à Air Algérie, 1947-1962. (Encore disponible là)
Un pavé dans la Mare Nostrum!... Je vous le concède, pas forcément là, le bouquin que l'on met dans la poche supérieure de son sac à dos, au moment de glisser la clé sous le paillasson!... Mais, il y a de la place dans le sac à voile qui vous sert de bagage, non?!...
Dans son édition de La Table Ronde, au bas mot, 570 pages!... Vous avez là, l'intégrale de l'oeuvre poétique de Louis Brauquier, auteur que l'on peut qualifier de contemporain, puisque né en 1900 et disparu brutalement en 1976, mais pas forcément le plus connu de notre époque.
Au terme de la Première Guerre Mondiale, il est commis en douane, à Marseille, sa ville natale. Il a déjà créé la revue La Coupo. Dès le début des années vingt, parmi ses relations : Marcel Pagnol, dont le personnage de Marius fut, dit-on inspiré par ses écrits.
Il est alors reçu au concours de commissariat de la Marine marchande et devient membre du personnel des agences extérieures des Messageries Maritimes. Il part donc pour Sidney, puis Nouméa, passe par Djibouti et est en poste à Alexandrie en 1939.
Puis, viennent Shanghaï, Diégo-Suarez, Saïgon, Colombo... Au delà de ses écrits, il se met à peindre dès 1952. Puis, il se retire à Marseille en 1960. Après combien de tours du monde et d'escales lointaines?...
De ce port partent de belles goélettes, Qui vont aux Tubuaï ou aux Tuamotou, Et de la vérandah du Cercle Bougainville On peut les voir appareiller dans le couchant.
Je pense aux jeunes gens dans les chambres d'Europe, Aux adolescents seuls dans des fins de journée, Qui sortent des bureaux, des ateliers, des livres Et viennent s'accouder aux fenêtres du ciel.
Ils écoutent monter le grand bruit de la ville Sous la nuit qui recrée les formes de la rue, Le bonsoir d'un voisin en bas devant la porte, Les pas d'un attardé sur le trottoir désert...
Voici un nouvel espace qui va vous inciter à la rêverie!... Vous y trouverez les escales lointaines, les ports d'attache, les embarcadères, les bateaux de toutes sortes qui tirent sur leurs amarres, les alizés qui gonflent les voiles...
Parfums d'épices, d'iode marine, de pins maritimes, de lande et d'ajonc. Odeur acre du kérozène des géants des airs, au moment de décoller pour des destinations lointaines. Et ainsi, se joindre à la migration des oiseaux...
Souvenirs et nostalgie, d'autres jours... Ceux-là même qui vous donnent toute l'énergie positive : pourquoi pas moi?...
Je me demande si nous n'avons pas des gènes qui, certains soirs vous poussent à la rêverie?... Les mêmes qui, le lendemain matin, remplissent votre sac de voyage?...
Les mêmes aussi sans doute, que des oncles et frère, naguère marins au long cours, sur d'illustres paquebots ou des cargos transatlantiques. Ou d'autres encore, pilotes de ligne, hôtesse et même steward, dont certains à l'aube de l'aviation civile.
Je viens de recevoir mon nouveau passeport. Quelques jours plus tard, retrouvailles avec ma carte du Club Thalassa, créé dès la naissance de l'émission de Georges Pernoud. Celle-là même qui vient de nous permettre de faire un tour du monde, avec escales!... Moi qui rêve de voyages en cargo!...
Depuis quelques semaines, à peine quelques mois, je viens de franchir le cap (de bonne espérance?...) de mes 50 ans. Et je me dis, comme vous sans doute : les années passent trop vite et je ne voyage pas assez!...
ÇA VA CHANGER!... Qu'on se le dise!... Avec vous peut-être?!... Qui sillonnez la planète, forts d'images et de souvenirs inoubliables. Mais aussi de projets, d'attentes de paysages divers et de nouveaux horizons.
Nous évoquerons les "aventuriers au quotidien", ceux-là même qui exercèrent leur activité professionnelle, pour le bien et le service de tous, au mépris des dangers, enthousiastes malgré les travers des évolutions technologiques, souvent moins fiables, moins éprouvées que de nos jours. Et pourquoi pas, découvrir ceux du XXIè siècle?...
Et puis tous ceux qui naviguent, qui volent, qui se doivent de vivre leur vie aux dimensions de la planète. Les aventuriers, tout court, ceux qui ne peuvent imaginer leur existence autrement qu'animer par un projet, par le dépassement de soi ou d'un record. Ceux qui puisent dans leurs lectures l'envie d'aller voir plus loin, derrière l'horizon. Ceux qui font toute la place voulue à leurs rêves...
Un dernier coup de peinture sur la coque... Personne n'a oublié son carnet de bord?... Vos souvenirs sont devant vous!... Ouvrez grand vos yeux!... L'horizon vous appartient!... Larguez les amarres!... Et belle année 2008!...